Un nouveau code des hydrocarbures pourrait donner une nouvelle impulsion à une série de solides projets actuellement en cours qui modifient le paysage énergétique tunisien à l’heure où l’État cherche à encourager de nouvelles sources de production pour faire face à une production pétrolière en baisse.
La nouvelle loi- dont un projet a été finalisé à la fin de l’an dernier- s’attache à répondre à des problèmes dont souffrait l’industrie pétrolière et gazière en établissant un processus de délivrance des permis conforme à la constitution et en prenant des mesures visant à instaurer davantage de transparence dans le processus mais aucun détail sur la mise en œuvre de ces changements n’a encore été annoncé.
Le code prévoit également une réforme des règlementations relatives aux énergies non conventionnelles, un segment dont les lacunes du cadre règlementaire ont souvent découragé les multinationales qui tentent d’opérer en Tunisie – dernier exemple en date, une filiale du producteur de schiste américain Anadarko a cessé ses activités dans le pays à la mi-février suite au rejet de sa demande d’autorisation à mener une campagne d’exploration des ressources en gaz de schiste.
La production pétrolière tunisienne a diminué de moitié ces dernières années – passant de 80 000 barils par jour (bj) en 2010 à environ 40 000 bj l’an dernier- suite au départ de géants du secteur tels que le groupe italien Eni ou les Hollandais de Shell qui ont invoqué une série de problèmes allant de l’interruption du travail au non-renouvellement des permis de forage.
Le nombre de permis d’exploration et de prospection d’hydrocarbures a également été divisé par deux depuis 2010, passant de 52 à 26, selon des sources officielles.
Les énergies renouvelables à la hausse
Tout en planchant sur son nouveau code juridique afin d’intensifier l’exploration, la Tunisie cherche également à diversifier son bouquet énergétique à travers une série de projets dans le domaine des énergies renouvelables.
À l’occasion de la conférence de l’investissement Tunisia 2020 qui a eu lieu au mois de novembre, le pays s’est fixé comme objectif l’installation d’une capacité de production de 380 MW à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030, un projet estimé à un coût de 15 milliards de dinars (6,1 milliards d’euros).
À cet effet, l’État s’est engagé à construire cinq centrales électriques solaires d’une capacité totale de 300 MW dans le sud du pays pour la somme de 750 millions de dinars (306 millions d’euros) ainsi qu’une centrale éolienne d’une capacité de 80 MW dans la région montagneuse de Kebili, également dans le sud, pour un investissement de 240 millions de dinars (97,8 millions d’euros).
Le pays se prépare également à la mise en service de sa première grande centrale solaire photovoltaïque l’an prochain : le projet TuNur, d’une capacité de 10 MW, dans le gouvernorat de Tozeur. Une fois achevée, la centrale CSP génèrera 9400 GWh d’électricité par an. Si ces projets bénéficient de subventions publiques, l’État espère tout de même voir des investisseurs privés participer à un certain nombre de projets définis à travers le pays.
Ces installations, dont le secteur privé assurera la construction, la maintenance et l’exploitation, permettront d’ajouter, selon des sources officielles, une capacité installée de 380 MW d’ici 2020, pour un investissement total d’1 milliard de dinars (410,9 millions d’euros). Cette puissance additionnelle sera injectée dans le réseau d’ici 2018, suite à un appel d’offres du Ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies Renouvelables.
Parmi les autres projets assignés au secteur privé, on peut citer une centrale biomasse d’une puissance de 15 MW dans le Gouvernorat de Sfax, qui utilisera les importants résidus agricoles et agroindustriels de la région et dont la construction nécessitera un investissement de 68 millions de dinars (28 millions d’euros).
Bénéficiant d’un rayonnement solaire d’une intensité allant de 1800 à 2600 KWh/m²/an – 20% de plus que la plupart des sites européens – la Tunisie a toutes les clés en main pour satisfaire aux besoins de la stratégie générale baptisée Plan Solaire Tunisien (PST). Lancé en 2009, le PST vise à faire passer la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique tunisien de 3% à 12% d’ici 2020 puis à 30% d’ici 2030.
À l’heure actuelle, la puissance électrique issue des énergies renouvelables provient de deux parcs éoliens d’une puissance installée totale de 250 MW, selon des chiffres publiés en 2015 par le Ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines.
Règlementations relatives aux investissements étrangers
Les mesures incitatives exposées dans le nouveau code de l’investissement approuvé par le Parlement en septembre et qui entrera en vigueur en avril pourraient entrainer une hausse des investissements dans les secteurs du pétrole et des énergies renouvelables.
La nouvelle loi, dont l’objectif est d’attirer davantage d’investissements étrangers dans tous les secteurs de l’économie tunisienne, devrait profiter aux investisseurs désireux de pénétrer le marché des énergies renouvelables. Les dispositions de cette dernière comportent des mesures destinées à simplifier les démarches administratives en réduisant le nombre d’autorisations nécessaires à l’approbation d’un projet, ainsi qu’à limiter les périodes d’attente en faisant mieux respecter les délais de réponse.
Ce nouveau code très attendu retient déjà l’attention de nombre d’acteurs privés, selon Jérôme Sudres, directeur régional de Quadran, producteur français d’électricité verte.
« Le secteur des énergies renouvelables est très prometteur en Tunisie, car des engagements forts ont été pris ces dernières années, et on voit qu’ils sont en cours de concrétisation, » a-t-il déclaré dans la presse tunisienne l’an dernier, ajoutant que Quadran compte élargir son champ d’action dans le pays dans les années à venir.
Source: http://maghrebemergent.com/