Redresser l’image de la Tunisie, restaurer la confiance, renforcer la sécurité et relancer les échanges sur tous les plans : la visite d’Etat que le président Béji Caïd Essebsi doit effectuer à Rome, les 8 et 9 février, s’assigne des objectifs stratégiques pour les deux pays. La Tunisie tire très peu de bénéfices de toutes les potentialités technologiques italiennes. L’Italie reste frileuse dans ses investissements directs (1.66 milliard de dinars, 860 entreprises) dans un site aussi proche que compétitif qu’est la Tunisie.
Le volume des échanges commerciaux est des plus modiques avec seulement 11.14 milliards de dinars en 2016, dont 5.075 milliards d’exportations tunisiennes, tous produits confondus, vers l’Italie. Le dossier de l’immigration clandestine, faussement amplifié (1 204 en 2016, rapatriement de 1 711), reste dans l’attente d’une coopération négociée, mutuellement bénéfique. Le faux procès qu’une certaine presse italienne populiste fait à la Tunisie, qu’il s’agisse de l’huile d’olive ou des accusations de laxisme à l’égard de salafistes violents, est inique, portant préjudice à notre image de marque. Alors que la lutte contre le terrorisme que livre la Tunisie et bénéficiant également à l’Italie mérite un plus grand soutien.
Une nouvelle page doit s’ouvrir dans les relations bilatérales au niveau des dirigeants des deux pays, mais aussi des opérateurs économiques et de la société civile.
- « De grandes opportunités s’offrent aux deux parties », plaide l’ambassadeur de Tunisie à Rome, Moez Sinaoui.
- « Nous pouvons faire au moins le double », s’engage le président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-italienne, Mourad Fradi.
- Déjà, depuis les temps reculés de l’antiquité, nous rappelle le Professeur émérite Ammar Mahjoubi.
- Une relation méditerranéenne deux fois millénaire : la Tunisie et la Sicile, nous décrit brillamment le Professeur Mohamed El Aziz Ben Achour.
- Et ces merveilleux Italiens de Tunisie, nous remet en mémoire Silvia Finzi.
Un dossier qui se veut à la fois évocation et interpellation.Ú
Les chiffres clés
Les Tunisiens d’Italie
La communauté tunisienne en Italie compte 208.383 ressortissants immatriculés sur les registres consulaires. Ils viennent en troisième position, parmi les originaires des pays d’Afrique du Nord, après les Marocains et les Egyptiens. Comparativement avec les autres communautés, les Tunisiens sont plus jeunes, avec une moyenne d’âge de 31 ans et essentiellement travailleurs, comptant près de 18.000 élèves et étudiants (la plupart issus de familles tunisiennes résidentes). C’est aussi une communauté des plus stables : ceux qui détiennent des cartes de séjour de longue durée représentent 70.8% du total.
La répartition par circonscription consulaire montre une concentration au Nord (53%) alors que la Sicile n’accueille que 26% des résidents tunisiens. Rome est à 20%:
Milan | 63 400 | 30% |
Gênes | 48 005 | 23% |
Rome | 42 287 | 20% |
Naples | 20 595 | 10% |
Palerme | 34 096 | 16% |
Total | 208 383 | 100% |
Les Tunisiens d’Italie déplorent fortement le manque de travailleurs sociaux, d’écoles et de centres culturels, ainsi que la modestie des ressources humaines et matérielles affectées aux services consulaires.
L’épineuse question des détenus tunisiens dans les prisons italiennes
Près de 2 000 Tunisiens sont officiellement recensés parmi les détenus dans les prisons italiennes. Au 31 décembre 2016, ils étaient au nombre de 1998, selon l’administration pénitentiaire italienne. Sur un total de 18.621 prisonniers étrangers, les Tunisiens représentent 10.7%. Ils viennent en quatrième position après les Marocains (3 283), les Roumains (2 720) et les Albanais (2 429).
L’ambassade de Tunisie à Rome affirme accorder une attention soutenue en faveur des ressortissants tunisiens détenus dans différentes prisons les faisant bénéficier d’une assistance consulaire, judiciaire et sociale. L’accent est particulièrement mis sur le maintien des liens entre eux et leurs familles.
Enigmatiques disparus
Le dossier des 504 disparus signalés par leurs familles reste encore difficile à clore. Perdus en mer lors de traversées clandestines, fondus en Europe, rompant tout contact et autres hypothèses : tout est vérifié. Une seule certitude : tous ceux qui pourraient se trouver en prison ou dans un centre de détention sont nommément identifiés.
Emigrés clandestins: les charters du retour
Pas moins de 181.000 migrants clandestins ont débarqué en Italie durant l’année 2016. A 90%, ils proviennent de pays africains subsahariens, embarqués à partir des côtes libyennes. Les immigrés clandestins tunisiens ne sont plus au nombre de 22.000 comme ils avaient massivement afflué sur Lampedusa en 2011. Le contrôle des côtes maritimes tunisiennes, renforcé d’ailleurs par 12 vedettes offertes par l’Italie, a considérablement réduit les traversées clandestines. En 2016, les autorités italiennes ont recensé le débarquement de 1 204 Tunisiens. En étroite collaboration avec les autorités tunisiennes, des opérations de retour ont été effectuées portant sur 1 711 immigrés rapatriés en 34 vols charters.
Les représentations officielles
Six représentations tunisiennes sont implantées en Italie, répartissant leurs bureaux entre Rome, Milan, Gênes et Palerme:
Tunisair | Rome |
Ontt | Milan |
Fipa | Milan |
Cepex | Milan |
CTN | Gênes |
Tunisair Express | Palerme |
Les échanges commerciaux
Volume total en 2016 | 11.14 milliards de dinars |
Exportations vers l’Italie | 5.075 milliards de dinars |
Importations d’Italie | 6.071 milliards de dinars |
Déficit de la balance commerciale | 995.9 millions de dinars |
Taux de couverture 2015-2016 | 83.6% |
Les investissements italiens en Tunisie
Nombre d’entreprises | 860 |
Total investissement | 1.66 milliard de dinars |
Emplois directs créés | 63.000 |